Israel-Palestine _ une passion francaise by Denis Sieffert

Israel-Palestine _ une passion francaise by Denis Sieffert

Auteur:Denis Sieffert [Sieffert, Denis]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-07-12T16:00:00+00:00


Assassinats à Paris

Sans doute ce travail d’influence a-t-il inquiété Israël. Le 8 décembre 1972, Mahmoud Hamchari était la cible d’un attentat à Paris dans des conditions qui ne laissaient guère de place au doute quant aux auteurs et aux commanditaires de l’opération : une bombe télécommandée explosa dans son appartement. Il succomba à ses blessures le 9 janvier 1973. En forme d’aveu, des officiels israéliens ont ensuite tenté d’accréditer la thèse de la responsabilité d’Hamchari dans la prise d’otages de Munich. Son successeur officieux, Mahmoud Saleh, devait subir le même sort en janvier 1977.

À partir du début de l’année 1974, Ezzedine Kalak, ancien président de la GUPS (Union générale des étudiants palestiniens), devint le représentant encore officieux de l’OLP à Paris. Hamchari était un proche du FLN algérien ; Kalak était quant à lui proche des communistes syriens, ce qui lui avait déjà valu un séjour en prison, avant qu’il ne vienne finir un doctorat de physique à l’université de Poitiers. Cet homme, que ses proches décrivaient comme un intellectuel solitaire, allait accomplir à Paris une tâche colossale.

Il a créé des liens personnels très étroits avec des intellectuels et s’est rapproché de l’équipe des Cahiers du cinéma et de Serge Daney. Et bien sûr de Jean-Luc Godard, compagnon de route de la première heure. Est-ce là encore la rencontre des marginalités ? Les Palestiniens de Paris se mêlent alors à la vie artistique. Celle de la création et de l’audace, pas celle des apparences et des mondanités. Ezzedine Kalak est passionné de peinture et de photographie. Au fond, cette rencontre n’est guère étonnante pour les ambassadeurs officieux d’un peuple qui doit perpétuellement convaincre de son existence. Les arts de représentation et les affiches sont autant de témoignages. Peut-être cet « ardent sanglot » dont parle Baudelaire. Kalak formera même un groupe de peintres.

En moins de cinq ans, dans la continuité de Mahmoud Hamchari, il tient les deux bouts de la ficelle : une implantation sociale et une action diplomatique. Dans ce dernier domaine, la percée est spectaculaire. En octobre 1974, pour la première fois, un ministre français des Affaires étrangères rencontre le président de l’OLP. C’est à l’ambassade de France à Beyrouth que Jean Sauvagnargues, ministre de Valéry Giscard d’Estaing, reçoit Yasser Arafat. Un an plus tard, la France permet officiellement l’ouverture d’un Bureau de liaison et d’information de l’OLP à Paris, prémisse de la future Délégation générale.

Il est vrai que le contexte international se prête à ces évolutions. L’OLP est en train d’assimiler toutes les leçons de 1967 : la revendication de libération des territoires occupés, qui figure dans les résolutions des Nations unies, contient implicitement la reconnaissance d’Israël. C’est pourquoi, pour la première fois, des contacts sont possibles entre des Israéliens et des Palestiniens. C’est à Paris et dans la région parisienne qu’ils auront lieu. Cette intense activité diplomatique, Ezzedine Kalak va la payer de sa vie. Le 1er août 1978, il est assassiné par le groupe dissident de Abou Nidal. Mercenaire successivement à la solde de plusieurs capitales arabes, Abou Nidal était à cette époque sous la coupe de Bagdad.



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